Fondation DIGGER 24.08.2023
24 août 2023. Une visite à la Fondation Digger
Rendez-vous de bonne heure devant le Grand-Théâtre, à Genève. Aux dernières nouvelles, deux de nos amis ne pourront pas se joindre à nous. Nous sommes 12 en tout. Un trajet d’environ 2h30 nous mène à Tavannes, dans le Jura, à une vingtaine de kilomètres au nord de Bienne. Bonne ambiance dans le bus. Certains gymnastes dorment tandis que d’autres bavardent. Tout va bien.
Le but principal de la sortie est de visiter la Fondation Digger (Fondation Digger)à Tavannes. Cette organisation à but non lucratif promeut des « projets d’assistance technologique dans le domaine du déminage humanitaire » (Wikipedia dixit). Depuis 2003, elle dispose du site de l’ancien arsenal de Tavannes pour développer et réaliser des machines de déminage. Cette très brève description cache une fabuleuse histoire.
Tout d’abord, celle de Frédéric Guerne, ingénieur EPFL passionné par l’étude des mines – il en a bricolé et fait sauter quelque unes (pas bien méchantes) dans sa jeunesse. Sa prise de conscience des immenses dégâts humains que l’emploi de ces engins provoque va le conduire à réaliser, avec une équipe de bénévoles (aujourd’hui des salariés), des machines de déminage de plus en plus performantes.
Ensuite, une aventure technique. Une brève comparaison entre la première machine produite, la « Cacahuète » qui est exposée en plein air, et le prototype actuel, la DIGGER D-250, laisse entrevoir le travail qu’il a fallu pour aboutir à cette dernière. La DIGGER D-250 est conçue pour résister à l’explosion d’une mine antichar de 8 kg (la vidéo est impressionnante). Cette machine blindée est télécommandée, sécurité du conducteur oblige. Elle est munie d’un dispositif permettant de défricher et de labourer sur 25 cm de profondeur un champ de mine. Le nettoyage du terrain est ensuite achevé par une équipe de démineurs qui peuvent ainsi travailler dans des conditions relativement sûres.
Et encore, des valeurs magnifiques. Ce projet est généreux, totalement mis au service de populations qui, à cause des mines, peuvent ne plus avoir accès à l’eau, à la nourriture et aux soins, sinon à prendre le risque de se faire tuer ou de perdre un membre.
Enfin, la mise en œuvre sur le terrain de l’une de ces machines de déminage demande une logistique particulière. C’est une équipe complète qui est chaque fois mobilisée sur le terrain. En effet, il ne suffit pas de déminer, il faut aussi entretenir la machine, organiser le séjour de l’équipe, former du personnel et fournir peu d’assistance administrative. L’équipe dispose d’un « camp de base » formé de 4 containers.
La visite du lieu, conduite par deux aimables guides, reprend tous les aspects mentionnés plus haut. Elle commence entre quatre containers, réplique d’un « camp de base » typique, et se poursuit au travers d’un champ de mines fictif. Là, chacun peut se faire le début d’une idée de ce que représente la vie dans un tel environnement. C’est aussi là qu’Alain, dont le courage n’est plus à démontrer, va tenter de déminer une minuscule portion de territoire au péril de sa vie. Dehors, la porte ouverte d’un atelier laisse entrevoir la machine pratiquement terminée qui va prochainement être livrée à l’Ukraine. Les mécaniciens s’affairent. Interdiction de s’approcher.
A la fin de la visite, tout le monde est touché par ce qu’il vient de voir. La générosité et l’efficacité de ce projet est remarquée par tous, ainsi que la stupidité monstrueuse de ces champs de mines. Choquante aussi, la disparité entre les moyens dont dispose la Fondation et les montants investis pour produire ces engins de mort et les installer.
Remerciements à nos deux guides et départ pour La Chaux-de-Fonds, plus précisément La Ferme des Brandt, où nous allons manger. Le déplacement est l’occasion de boire à la santé de Jean-Pierre les trois bouteilles de Kern qu’il offre à l’Amicale. Le vin est délicieux, frais de surcroit (un grand merci à l’inventeur de la glacière portative).
Comme l’indique son site (https://fermedesbrandt.ch), la Ferme des Brandt « est considérée comme un joyau de l’architecture paysanne neuchâteloise. Elle est classée monument historique pour la qualité de ses façades sud et nord et de son intérieur, cuisine voûtée, cheminée monumentale et belle chambre ou « poêle » avec des boiseries Renaissance ». En effet, l’intérieur est impressionnant, on pourrait y croiser les trois mousquetaires ! Aujourd’hui, les mousquetaires sont douze (treize avec notre chauffeur), certes un peu moins jeunes, mais tout aussi joyeux que ceux du roman. Le temps est délicieux. Apéro à l’extérieur, sous l’ombre généreuse de quelques arbres qui sont là depuis plusieurs décennies (au moins).
Le repas se déroule dans la salle du « poêle » et ses magnifiques boiseries. Atmosphère d’un autre temps, qui rajoute un peu de mystère à l’enchantement de l’entrée et du plat principal qui sont tout simplement délicieux. Terrine et joues de porc lentement confites, accompagnés d’un délicieux Pinot neuchâtelois. Le dessert, un parfait glacé à la fée verte (cela ne s’invente pas), est pris dehors.
Le retour à Genève se fait sans encombre. Les conversations sont moins animées qu’à l’aller. Normal, après un repas aussi festif, des envies de sieste se font sentir.
Un chaleureux merci de tous à Jean-Pierre Matthey qui a organisé la journée et nous a permis de vivre ces moments magnifiques.
Antoine
Lien pour consulter l’article du 20 minutes du 28.08.2023:
https://www.20min.ch/fr/story/guerre-la-suisse-envoie-un-engin-de-deminage-en-ukraine-577595895938