Musée Patek Philippe, 08.03.2017
Ce jour-là les membres n’ayant pas participé à cette sortie ont eu tort car ils ont manqués l’occasion de découvrir une des grandes richesses du patrimoine genevois.
Dès 11h30, les 11 participants arrivèrent les uns après les autres au Café-restaurant de la Radio, lieu du rendez-vous pour l’apéro et le repas qui s’en suivi.
Ils sont là, bien assis autour de la grande table rectangulaire dressée pour la circonstance. Sont présents Louis-Jean, Marc-André, Jean-Pierre M, Jean-Claude, Claude G, Wladimir, Antoine, Jean-Pierre D, Alain, Jean-Paul et Werner recevant avec un verre d’un excellent élixir de jouvence les participants au repas de cette future très belle journée animée.
L’animation entre membres commence à prendre de l’ampleur après avoir étanché une petite soif avec ce petit vin blanc bien gouleyant. Enfin, mais rapidement, les assiettes du premier plat arrivent sur la table. Il s’agit d’un vol-au-vent aux champignons avec sa sauce à la crème qui, par sa délicatesse a enchanté les palais des convives. Pour suivre, le médaillon de bœuf et le gratin dauphinois ont eux aussi été très appréciés ainsi que le dessert autour de la tarte aux pommes qui a mis un point d’orgue au délicieux repas proposé par Jean-Pierre D, notre responsable de la Commission Loisirs. Oh pardon ! J’allais oublier les excellents vins qui ont parfaitement accompagné le repas qui nous a été servi.
Comme le temps passe en si bonne compagnie d’amis courtois et sincères ! Il est temps maintenant de s’offrir un autre plaisir, la visite guidée du Musée Patek Philippe. Ce musée est installé dans un bâtiment érigé au début du XXème siècle à la rue des Vieux-Grenadiers n°7, en plein centre de la ville de Genève, tout près de notre salle de gymnastique.
Le Patek Philippe Museum ! Un héritage de génie, chef d’œuvre de l’horlogerie datant du XVIe au XXe siècle. Le musée expose d’importantes collections d’horlogerie et d’émaillerie d’origine genevoise, suisse et européenne. Il comprend également une bibliothèque de plus de 7000 ouvrages relatifs à l’horlogerie et ses branches annexes.
Les collections historiques se composent essentiellement de montres, d’automates de musique et de portraits en miniature.
Ce musée est l’aboutissement d’une véritable passion qui a animé Patek Philippe pendant plus de 160 ans. Au cours des deux générations précédentes, alors que se raréfiaient les anciennes techniques, cette passion a pris un tour plus pressant. Inspiré par l’importance de sauvegarder les pièces les plus raffinées et les plus précieuses du passé horloger de Genève afin que les anciennes traditions restent vivantes auprès des nouvelles générations.
La décision de créer une exposition ouverte au public fut prise en 1989 lors du 150e anniversaire de la maison Patek Philippe.
Ce magnifique bâtiment est composé au rez-de-chaussée d’une réception, d’un auditorium pour la projection de films. L’accès aux vestiaires s’effectue en empruntant un escalier central.
Débarrassés de nos vêtements dans les casiers individuels du vestiaire, nous pouvons débuter, avec notre très compétente guide, la visite du musée au 3e étage. Là se trouve les archives Patek Philippe, la bibliothèque de plus de 7000 ouvrages ainsi que des portraits en miniature peints sur émail.
Au 2e étage nous découvrons la Collection Ancienne (1500-1850), depuis les premières montres de la Renaissance avec leurs mouvements en fer, aux montres-bijoux miniatures ainsi que les boîtiers émaillés jusqu’aux complications défiant l’entendement !
Puis au 1er étage il y a la Collection Patek Philippe (1839-1989). Cette collection nous apprend à connaitre nombre de génies qui illustrent l’histoire de l’horlogerie. Aucun de ces grands maîtres n’a pu accomplir ses réalisations sans s’appuyer sur le travail de ses prédécesseurs. Certains toutefois se sont distingués à travers leurs contributions remarquables tant au point de vue technique, du design et des méthodes de production.
Les Grands esprits novateurs du système du remontoir et de mise à l’heure au pendant par Jean-Adrien Philippe à séduit Antoine Norbert de Patek. Il propose alors à Jean-Adrien Philippe le poste de directeur technique dans son entreprise horlogère en 1845. Ils deviendront associés en 1851. Patek Philippe, l’une des entreprises horlogères les plus prestigieuses et les plus novatrices au monde venait de naître. Cette invention adaptée à la production en série rapproche les garde-temps portables de la montre de poche moderne elle-même précurseur de la montre bracelet, exposé en grand format, un dessin technique extrait de « Montre sans clé » de Jean-Adrien Philippe (1863) et d’un mouvement du même créateur en 1842 à Paris.
L’histoire fabuleuse et créative de l’horlogerie a changé notre perception même du temps. De 1620 à 1840 les créations des maîtres célèbres tels que Thomas Tampion (1686-1713) qui est l’un des horlogers les plus célèbres en Angleterre. C’est l’un des premiers à avoir fabriqué des montres à balancier spiral. Julien LeRoy (1686-1759) issu de la famille d’horlogers LeRoy, père du célèbre chronomètre français. Pierre LeRoy est connu pour ses innovations dans le domaine mécanique. Ferdinand Berthoud (1727-1807), horloger suisse reconnu pour ses travaux chronométriques, est responsable de nombreux écrits techniques. Abraham-Louis Breguet (1747-1823), célèbre horloger suisse est certainement l’un des inventeurs les plus prolifiques avec à son actif l’invention du tourbillon. Antide Janvier (1751-1835), grand passionné d’astronomie est un horloger français qui a créé des modèles uniques réputés pour leur précision remarquable. Jean-Adrien Philippe (1815-1894) fut l’inventeur du remontoir et de la mise à l’heure au pendant. L’apogée fut atteinte en 1989 avec le célèbre « Calibre 89 » de Patek Philippe, la montre la plus compliquée jamais construite. De plus en plus de complications sont intégrées dans un même boîtier, échappements spéciaux contenus parfois dans un tourbillon ou un carrousel, date tenant compte des années bissextiles, chronographe à rattrapante permettant d’observer plusieurs évènements simultanément, phases et âge de la lune, indication des marées, affichage de plusieurs fuseaux horaires, etc. Virtuosité inutile peut-être mais ô combien passionnant face à la trop grande facilité actuelle du quartz et de l’électronique.
Oui, l’histoire de la montre est bien une fabuleuse histoire ! Il est impossible de retracer cette histoire sans rappeler le rôle joué par les Huguenots, ces protestants français qui ont fuit les persécutions ordonnées contre eux par leurs rois. Ils quitteront la France, leur patrie, durant le XVIe et le XVIIe siècle.
Par ces deux vagues de migration, les Huguenots vont faire de Genève un centre technologique ou l’horlogerie prend vite une place prépondérante. Dans la moitié du XVIIe siècle ils introduisent les nouvelles techniques française de l’émaillage et de la peinture sur émail auprès de leurs coreligionnaires. S’ensuit un essor de l’horlogerie genevoise encore jamais égalé, des décennies durant lesquelles la montre fabriquée à la main est l’exemple suprême du mariage de l’excellence mécanique et de l’esthétique. En un an la France perd des centaines de milliers de citoyens dynamiques parmi lesquels des joailliers et horlogers qui rejoignirent les premiers réfugiés qui ont fait de Genève une capitale de l’horlogerie.
Les 500 années de l’histoire de la montre exposée dans le musée nous ont certainement marqués par l’histoire des pièces extrêmement rares et uniques d’une beauté indescriptible et d’une finesse incomparable. Quelques exemples rarissimes observés sont :
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- Grande Cage (Angleterre vers 1770), automate avec déclenchement à la demande incorporant 2 oiseaux chantant, bougeant leurs ailes, leur queue et ouvrant leur bec. Mécanisme musical jouant au passage de l’heure des mélodies générées par 12 flûtes.
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- Rose Rouge (Suisse vers 1860), attribué à Jaquet-Droz, montre objet avec mouvement à remontage à clé, cadran en émail blanc, indications de l’heure (12) et minutes (60) au centre. Boîte en forme de rose en or gravé et ciselé, émail flinqué. La rose s’ouvre lorsque l’on appuie sur la feuille inférieure.
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- Montre pendentif en forme de face-à-main (Patek & Cie, Genève 1847-1848), type savonnette, remontage et mise à l’heure par clé, fabriquée pour le marché polonais. Boîtier en or jaune, cadran en émail blanc, chiffres romains peints, aiguilles Breguet en acier bleui, mouvement rectangulaire pour « lorgnon ».
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- Globe céleste et terrestre (Londres vers 1840), horloge de table astronomique à quantième et boussole, mouvement fusée et chaîne, remontage avec clé à cliquets, échappement à ancre à double roue de James Shearer, balancier à compensation à mercure, boîte en acajou et bronze doré.
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- Montre de poche à 2 fuseaux horaires, quantième du jour et date (Patek Philippe & Cie Genève 1892), type savonnette, remontage au pendant et mise à l’heure à languette. Complication date (graduation extérieure avec aiguille centrale), jour de la semaine à 12 heures, heures et minutes de 2 fuseaux horaires, boîtier en or rose, cadran en émail blanc, mouvement 19’’, échappement à ancre.
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- La Pivoine Chinoise (Genève vers 1805, attribuée à Chevalier-Cochet), montre pendentif à répétition fabriquée pour le marché chinois, complications répétition à quartz sur 2 cloches, cadran en émail blanc, boîte en forme de fleur en or ciselé, émail champlevé, peinture sur émail et perles.
- Le Trophée de la Musique (Genève vers 1780), pommeau de canne avec montre, mouvement à remontage à clé, échappement à cylindre, cadran en or gravé signé « Pierre Morand, Paris », indications heures (12), minutes (60) au centre, boîte en forme de pommeau de canne 4 ors découpés et ciselés.
Je pense terminer toutes ces explications, je pourrais à ce stade analyser, commenter et décrire plus de 2000 pièces exposées dans ce majestueux musée qui fait la fierté de Genève et de la Suisse.
Monsieur Philippe Stern, actuel président de Patek Philippe, skieur champion du monde universitaire en 1960, régatier (a battu des records), a accompli son devoir familial avec la même volonté de succès. Le résultat témoigne de son respect de la tradition et de sa perspicacité dans le monde des affaires. Avec la création du musée en 2007, Philippe Stern a non seulement réalisé l’ambition de toute une vie mais laisse aussi un legs d’érudition aux futurs horlogers.
Voilà, quelle belle journée nous avons passé ensemble ! La visite du Musée Patek Philippe restera certainement gravée dans nos mémoires, remplis d’émotions tant techniques qu’artistiques. Nous ne pourrons jamais oublier les créateurs de toutes ces merveilles, fabriquées par les mains et l’intelligence des artistes papillonnant notre monde !
La pré-soirée se termine par une verrée de l’amitié au Café-restaurant de la Radio, tous enchantés par cette très belle sortie culturelle. Un grand merci aux organisateurs et à la Commission Loisirs qui a réussi à satisfaire notre curiosité.
Werner